Un repas divin: partie 3
Bam, bam, bam…
Les coups frappés à ma porte m’ont sorti une nouvelle fois de ce songe récurant également. Comme toutes les nuits, mes rêves étaient teintés des méandres de mon passé, des souvenirs douloureux que j’aurais bien aimé oublier.
Bam, bam, bam…
Si je voulais rester seul c’était tout bonnement raté. Je ne pris donc pas la peine de passer une chemise et suis allé voir qui pouvait bien insister de cette manière à une heure aussi matinale. Et la personne que j’ai découverte derrière la porte m’a rendu d’encore plus mauvaise humeur et franchement je ne pensais pas que c’était possible. Elyna était sacrément gonflée de se pointer chez moi après la charmante soirée que j’avais passé hier. Je me suis mis à gronder malgré la présence de mes voisins. Je ne voulais plus jamais la voir, ni elle ni son ange de père. Qu’ils aillent tous moisir en enfer !
- Fichez le camp d’ici ! crachais-je en refermant la porte derrière moi
Mais Elyna a arrêté mon geste avant que celle-ci ne soit close définitivement.
- Non attendez ! implora-t-elle
S’il vous plait… je… je voulais vous présenter mes excuses.
- Rien à faire de vos excuses… restez avec les votre, je ne voudrais surtout pas vous polluer l’atmosphère.
- Je suis désolé, je voulais simplement vous remercier… je…
- Et bien c’est raté ! Je ne vous ai rien demandé et Eric et moi avons été traités comme des cancrelats alors… disparaissez !
J’allais de nouveau fermer la porte lorsque je l’ai entendu étouffer un sanglot. Et ce son me serra le cœur ! Pourquoi ? J’aurais dû être totalement indifférent. Je ne comprenais pas pourquoi cela m’empêchait de tourner les talons et de lui claquer la porte au nez. J’ai poussé un soupir, résigné, puis je me suis retourné en laissant la porte entre ouverte pour l’inviter à en franchir le seuil.
Je me suis ensuite rendu dans la cuisine sans attendre de voir si elle me suivait ou si elle avait fait demi-tour. Tout en préparant le café et j’en avais grandement besoin, j’ai entendu ses pas se voulant discret sur le carrelage et quelques secondes plus tard, elle se tenait timidement devant moi en admirant avec intensité le sol. Elle n’osait plus me regarder dans les yeux.
- Tenez, lui dis-je en tendant une tasse de café bien chaude.
- M … merci répondit-elle en reniflant discrètement.
Nous sommes restés ainsi plusieurs minutes sans rien dire, chacun jaugeant l’autre. Je me demandais ce qui l’avait poussé à revenir me voir. Ce ne pouvait être seulement pour me faire des excuses, je n’étais pas dupe à ce point.
De plus il me faudrait plus que cela pour gagner ma confiance, bien plus.
- Alors ! Que me voulez vous ? Demandais-je un peu sèchement
Elle m’a fixé droit dans les yeux mais aucun son ne semblait sortir de sa bouche. Elle hésitait et je pus lire une certaine appréhension au fond de la prunelle de ses yeux.
- Je ne mors pas vous savez ! Du moins pas si on ne me provoque pas…
J’espérais que mon trait humour, bien que complètement nul, l’aiderais à me dire se qu’elle faisait là, qu’on en finisse une bonne fois pour toute.
- Très bien… répondit-elle avec un trémolo dans la voix
J’ai bien réfléchi à ce que vous avez dit, hier soir et… vous avez parfaitement raison. Nos deux peuples se vouent une haine féroce alors que nous ne nous connaissons pas vraiment en conséquence les deux camps ont des torts. Vous l’avez très bien dit, nous avons une opinion faite de préjugés aussi si je suis là c’est pour y remédier!
- Je ne suis pas sûr de vous suivre…
- C’est très simple, je veux apprendre à mieux connaître les vôtre. En contre partie vous apprendrez vous aussi à nous connaître… Les doutes, les peurs et surtout les luttes disparaitront seulement si nous faisons des efforts en commun.
Et bien si je m’attendais à ça. C’était vraiment inespéré comme proposition, pourtant ma rancune était toujours présente. J’entendais encore les paroles de Gabriel : « Ce n’est pas vrai M. HUNT ? N’avez-vous pas vous-même déchiqueté votre femme, votre sœur et vos parents ? Tout loup garou n’est il pas sujet à ce genre de « déboire » lors de ses jeunes années ? Comme un animal ? ». Je revoyais l’expression de la jeune femme lorsqu’il avait révélé la mort de ma famille, une expression d’horreur. Ces souvenirs venaient de raviver ma colère mais l’avenir des deux camps dépendaient de cette décision. Peut être les autres suivraient notre exemple si cela fonctionnait.
- Vous ne pardonnez pas facilement, n’est ce pas ?
- De toute façon, ce n’est pas à moi de prendre cette décision. Répondis-je en éludant la question. Il va falloir que j’appelle Eric, mon chef de meute, c’est à lui qu’il faudra demander la permission.
J’ai contemplé les paumes de mes mains sur lesquelles il y avait encore les brulures faites par l’argent. Ce fameux soir où, pour une fois, j’avais pris sur moi pour que tout ce passe pour le mieux et où malgré tout, j’avais été de nouveau déçu.
- Qu’avez-vous… ? demanda Elyna surprise
Je ne me souviens pas avoir vu ses marques sauf sur…
Ses yeux se sont arrondis comme si elle avait eu une révélation mais je ne lui ai pas laissé le temps de vérifier sa théorie. J’ai dégainé mon portable et à la troisième sonnerie Eric a décroché.
- Evan, tu vas bien ? demanda-t-il inquiet.
- Oui, ne t’inquiète pas. Nous avons bien entrainement cette après midi ?
- Oui comme d’habitude pourquoi ?
- Et bien j’ai une invitée surprise…