Un repas divin: partie 2
- Et bien vous vous trompez, jamais je ne ferais une chose pareil surtout s’il était l’auteur de l’attaque qu’à subi Elyna !
- Au regard de votre passé, je jurerais du contraire pourtant. Répliqua-t-il.
- Qu’est ce que vous insinuez ? grondais-je
- Père, arrêtez, s’il vous plait… intervint Elyna.
- Mais tout simplement qu’ayant vous-même tué toute votre famille, il est tout à fait possible que vous ne dénonciez pas les criminels concernés.
- Père, cela suffit !
- Ce n’est pas vrai M. HUNT ? N’avez-vous pas vous-même massacré votre femme, votre sœur et vos parents ? continua-t-il comme si Elyna n’était pas intervenu.
Tout loup garou n’est il pas sujet à ce genre de « déboire » lors de ses jeunes années ? Comme les animaux ?
Je n’en croyais pas mes oreilles! Comment pouvait-il connaitre mon passé ? Seul Eric était au courant et les membres de la meute n’en connaissaient que le strict minimum à savoir que ma famille était morte. L’Archange avait des préjugés ! Il ne nous prendrait jamais au sérieux. A ces yeux nous n’étions que des bêtes assoiffées de sang. Ce fût la goute de trop. J’ai senti la colère monter comme un volcan en éruption et le verre que je maintenais dans mes mains explosa. Les deux anges se retournèrent dans ma direction d’un seul et même mouvement et lorsqu’ils croisèrent mon regard devenu complètement ambre, tous deux blêmir !
Mais plus que la colère, ce fût la tristesse qui m’assailli. Moi qui avais espéré secrètement que la situation entre nos deux espèces évoluerait, je m’étais fourvoyé. Et le plus triste c’est que nous étions partis perdants depuis le début. L’Archange n’avait jamais eu l’intention d’organiser une rencontre, le seul but était de nous interroger et de prouver à Elyna que nous n’étions pas dignes d’eux ! D’où son silence depuis son arrivée.
- Vous êtes pire que les humains ! hurlais-je en me levant.
En fait, vous ne nous avez pas laissé une seule chance. Vous nous avez jugés sans même apprendre à nous connaître.
Ne reparlez plus jamais de ma famille ! Ou la prochaine fois je vous arrache vos ailes que vous soyez l’ange de la ville ou non !
Je ne voulais pas rester une minute de plus ici, le risque que je mette ma menace à exécution devenait bien trop grand et je ne voulais pas mettre en danger les miens. J’avais besoin de sentir l’air frais, de respirer à plein poumon toutes les senteurs que la forêt dégageait. Ce serait bien la seule chose qui me calmerait.
Une fois sur le parking, je pus admirer le ciel étoilé. Le spectacle était toujours aussi magnifique et apaisant.
Je voulais retourner dans ma montagne. C’était une erreur de rester. Comment me pardonner la mort de Lysandra quand l’Archange lui-même n’en était pas capable ? Il n’avait pas compris que j’étais mort à l’intérieur, il n’avait vu que ce qu’il voulait voir et Elyna n’avait rien fait pour nous défendre. Elle ne valait pas mieux que son père.
Je me suis instinctivement dirigé vers la forêt mais au moment où j’allais franchir les premiers arbres situés à quelques dizaines de mètres de la demeure, j’ai entendu Eric me héler.
- Evan, attends ! Où comptes-tu aller ? demanda-t-il lorsqu’il fût à ma portée.
- Je … je ne sais plus où j’en suis. dis-je en soufflant.
J’ai senti pour la première fois depuis que je le connaissais, les deux mains d’Eric sur mon visage, son regard, emplit de compassion plongé dans le mien.
- Evan… tu n’as pas à t’en vouloir pour ta famille. Je te l’ai déjà dit, le fautif c’est celui qui t’a abandonné à ton sort sans t’avertir des conséquences. Tu ne pouvais pas savoir !
Quant à Gabriel, c’est un idiot ! Il ne nous connaît que par ce qu’on lui a rapporté sur nous. Il ne faut pas que tu prêtes attention à ce qu’il pense.
- Comment ne pas me sentir coupable si même les anges me vouent aux enfers pour ces crimes ? Répondis-je la voix éteinte.
- Ce sont tous des imbéciles ! s’énerva t-il
Et tu n’iras jamais en enfer, tu as le cœur bien trop bon malgré ce que tu laisses paraître. Finit-il calmement.
Il me retourna ensuite les mains et regarda leur paume complètement brûlée par l’argent. Le motif des couverts s’était imprimé à l’intérieur. Il me faudrait du temps pour les faire disparaître malgré que je cicatrise rapidement.
Il n’a rien ajouté de plus. Eric voulait simplement vérifier que ce n’était pas trop grave et que le métal n’avait pénétré mon organisme.
- Je m’en remettrais, ne t’inquiète pas. Le rassurais-je
Nous vîmes ensuite, Gabriel et Elyna venir dans notre direction suivi par trois autres anges, surement afin de les protéger de nous ou bien de nous chasser tout simplement.
J’ai jeté un dernier regard à cette dernière, un regard qui lui faisait comprendre que je n’étais pas prêt de lui pardonner.
- Allons-nous-en. Me dis Eric.
Durant le trajet de retours, nous avons peu parlé. Eric avait besoin de calmer ses nerfs et le mieux pour lui était de rejoindre sa compagne.
Quant à moi, un panel d’émotions défilait dans ma tête. Peine, colère, mélancolie, trahison… rien de bon en somme.
- Ne fais pas de bêtises me dis Eric lorsque je descendis de voiture
- Rassure toi… je n’ai pas oublié la promesse que je lui ai faite.
- On s’appelle demain dans la journée... Bonne nuit, mon ami.
J’ai attendu de voir disparaître les feux arrière du véhicule et je suis remontée dans mon appartement. La femme de ménage était passée pendant mon absence constatais-je en entrant.
Il n’était pas très tard à peine vingt-trois heures passé mais je me suis tout de même écroulé de fatigue sur le lit. Je n’ai pas besoin de préciser que les cauchemars m’accompagnèrent. Je me suis de nouveau retrouvé dans ce cachot sale et sombre où l’on m’avait enfermé dix ans après ma transformation. J’ai senti une nouvelle fois la morsure des chaines en argent sur mes poignés et sur mes chevilles. Ce métal froid qui m’affaiblissait et me brulait en continu. Je revois encore les railleries de mes geôliers lorsqu’ils ont compris que j’en étais allergique et mon corps se rappelle les sévices endurés, les coups de fouet donné. Et pour qu’ils fassent plus de dégâts, les lanières étaient enduites de poussière d’argent. Je les sens encore fendre la chair de mon dos et j’entends les humains compter leur nombre. Un… Deux… Trois… Trente…