cauchemar: partie 3

Publié le par mapuce.bb

Cela faisait tout juste quelques jours que j’étais en ville et déjà ses effets se faisaient sentir. J’étais encore plus irritable que d’habitude, plus de migraines et beaucoup de cauchemars. J’avais un sommeil peu réparateur. A ce rythme, je ne savais combien de temps je tiendrais, car même les lycanthropes avaient des limites et je ne tarderais pas à les atteindre.

Perdu dans mes sombres pensées, c’est Elyna qui choisi un film, auquel je n’ai pas prêté la moindre attention. Je n’arrivais plus à me concentrer, toutes mes pensées tourbillonnais dans ma tête et je n’arrivais plus à faire le tri correctement, aussi décidais-je de prendre congé.

 

-        Je crois que je vais aller me coucher… mais ne vous préoccupez pas de moi, faîte comme chez vous… Dormez bien.

 

Après ces dernières paroles, je me suis levé pour rejoindre mon lit. Maintenant je réalisais à quel point il m’appelait et j’avais hâte de m’y glisser bien que je n’ai que quelques heures de répits avant que mon passé ne revienne me hanter. Mais juste avant que je ne franchisse le seuil de ma chambre, j’ai senti la main d’Elyna se refermer sur mes biceps.

 

-        Attendez, me dit-elle d’une voix à peine audible.

Je vous dois des excuses… encore

 

Je me suis retourné surpris avant de lui demander pourquoi.

 

-        Je vous ai de nouveau jugé trop hâtivement. Cela fait deux fois que je fais cette erreur, il n’y en aura pas de troisième !

 

Puis elle me plaqua un baiser sur la joue avant de murmurer un « bonne nuit » timide et de repartir vers sa propre chambre.

 

-        Bonne nuit petit ange.

 

Une fois bien au chaud sous ma couette, j’eus toutes les peines du monde à trouver le sommeil. Pourtant j’étais éreinté par la journée passée et mes nuits trop courtes. Je sentais encore les lèvres douces, chaudes et humides d’Elyna sur ma peau. Ce contact avait éveillé en moi des émotions que je croyais perdu, que je pensais ne plus jamais éprouver. Etais-ce sa nature d’ange qui éveillait ces sentiments ?

Non, Evan ! Me sermonnais-je de nouveau, oublie ça ! Ce n’est que chimère… t’en faire une amie serait une mauvaise idée, surtout pour elle. Je finirais par la détruire… comme ma famille l’avait été.

Cette nuit là, un nouveau cauchemar fit son apparition. Enfin, nouveau n’est pas juste… cela faisait longtemps qu’il n’était pas venu me déranger celui là !

Un songe sanglant, violent… le souvenir du loup lors de ma première transformation.

 

« La lune était pleine, s’aperçut le loup en levant les yeux au ciel. Et il aimait sentir ses rayons sur sa fourrure ébène. Il sentait son pouvoir se déverser en lui, décupler sa force, ses sens mais aussi son envie de manger, de tuer !

Il fallait qu’il trouve une proie alors il prit un chemin familier pourtant il n’arrivait pas à se rappeler d’où il le connaissait. Cela lui reviendrait plus tard, cela ne devait pas être important. Il suivi cette petite route en terre qui menait jusqu’à une maison, un peu à l’écart du village. Tous les habitants dormaient mais le loup entendait parfaitement la respiration de quatre personnes, quatre proies potentielles pour étancher sa soif de sang, de viande rouge ! Et leur odeur était encore plus délicieuse une fois à l’intérieure. L’excitation poussa l’animal à hurler à la lune sa satisfaction alors qu’il aurait dû se taire comme toute bête traquant son repas.

C’est ainsi qu’il entendit des pas précipités dans les étages et se diriger vers la pièce devant lui. La cuisine…

Deux personnes se tenaient tout en bas de l’escalier alors que deux jeunes filles se tenaient en retrait un peu plus haut.

Parfait ce dit le loup, que la chasse commence… il s’avança lentement, grognant et montrant les crocs… mais l’homme âgé de plus d’une cinquantaine d’année s’adressa à lui, comme s’il le connaissait :

 

-        Evan… tu m’entends…

 

Evan, c’était qui ? Se demanda le loup s’arrêtant quelques instants. Il n’avait aucun souvenir d’un Evan et d’ailleurs le prédateur ne savait pas pourquoi il arrivait également à comprendre les personnes présentes dans la pièce. Mais malgré ses hésitations, l’animal continua sa progression et il imaginait déjà le bon goût de la chair dans sa mâchoire puissante. Il en salivait rien qu’en y pensant.

 

-        Evan… continua l’homme… n’oublie pas qui tu es…

 

Mais ce fût là les dernières paroles prononcés, le loup plongeait déjà ses canines dans la gorge tendre de l’humain. Celui-ci s’écroula dans un râle, à l’agonie. Puis le loup se retourna sur la femme à ses côtés sans que celle-ci n’ai pu esquisser le moindre mouvement, la moindre parole.

Il ne restait que les deux jeunes femmes dont la chair devait être succulente de par leur jeunesse. Mais la plus jeune fit l’erreur de se jeter sur les mourants, pleurant à chaude larme, ignorant le danger qu’elle encourait. Le loup croqua donc en plein dans la nuque de cette fille âgée tout au plus de quinze ans.

Pourtant une voix tentait d’avertir le loup… dans sa tête. Elle tentait de crier, de lui parler mais la bête l’ignora et sauta sur sa dernière victime qui s’écroula également sur le sol.

Alors seulement l’animal s’intéressa à son festin  et croqua dans le ventre, la partie la plus tendre et la plus gouteuse des trois premières victimes ! Il griffa également pour tenter de retourner ses corps inertes désertés par la vie.

Mais lorsqu’il voulu faire de même avec sa dernière proie, la plus belle… quelque chose l’en empêcha. Bizarrement, le loup se sentait attaché à cette femme agonisante et soudain il se rappela … son esprit et tout son sang se glaça !

 

LYSANNNNNNDDDDDDDDRRRRRAAAAAAAA hurla le loup intérieurement ! »

 

C’est en sursaut, le cœur battant à tout rompre et en criant que je me suis réveillé. Mes cheveux étaient collés par la sueur ainsi que tout le reste de mon corps. J’ai eu grand peine à réprimer la nausée qui me montait.

Toutes ces années, je m’étais demandé si cela s’était passé tel que dans mon cauchemar sans jamais trouver de réponse. Car je n’avais pratiquement plus de souvenir de cette nuit de première transformation. Je ne me rappelais que mon réveille dans notre salon. Ainsi voir ces images horribles me rendait fou. Avais-je éprouvé de tels sentiments, de telles sensations ? Avais-je réellement mangé leur chair ?

Et cette fois, comme les précédentes à ce rêve terrifiant, je fus pris d’un long sanglot que je ne pus réprimer. Je pleurais pour les êtres perdus, pour le monstre que j’étais. Je me dégoutais ! J’ai frappé le mur derrière moi, frappé et frappé encore jusqu’à ce que mes poings soient en sang, qu’ils me fassent mal. J’espérais que la douleur physique atténuerait celle qui me compressait la poitrine… en vain.

Lorsqu’Elyna entra dans ma chambre, affolé, j’étais toujours en train de cogner les briques. Je voulais que ça s’arrête ! Je voulais que ce passé, ces images sortent de ma tête à tout prix et dans ma hâte, j’en avais oublié la présence de l’ange dans la pièce voisine.

 

-        M. HUNT… s’horrifia-t-elle, arrêtez !

 

Elle courut jusqu’à mon lit sur lequel j’étais à genoux, où je tapais de toutes mes forces sur le mur et tenta de me stopper. Mais c’est à peine si j’ai senti ses petites mains sur ma peau. Cette douleur au fond de ma poitrine était insupportable. Je voulais avoir mal, je voulais sentir mes doigts s’écraser sur le béton. Alors la fois suivante lorsque j’ai renouvelé mon geste, elle tira le plus qu’elle pu sur mes poignées en hurlant !

 

-        EVAN … ARRETE… STOP… s’il te plait. Finit-elle en murmurant

 

Et là, j’ai entendu sa voix. Mes cuisses sont retombés sur mes talons, le front appuyé contre la peinture marron de la pièce pour tenter de cacher les sanglots qui m’agitaient mais c’était peine perdu. Mes épaules sautaient au même rythme que mes pleurs et même les yeux fermés, les larmes débordaient et cascadaient le long de mes joues pour tomber sur le bas de mes cuisses.

Je l’ai senti me prendre délicatement les mains, me déplier avec précaution les doigts repliés contre ma paume et les reposer avec douceur sur le lit. J’entendis à peine les pas précipités d’Elyna de la chambre à la salle de bain pour revenir quelques minutes plus tard avec la trousse de secours. Je n’avais pas bougé.

Sentant le matelas s’affaisser sur ma droite, j’ai tourné la tête vers la gauche, je ne voulais pas qu’elle voit mon visage inondée, signe incontestable de faiblesse pour ma part.

Après quelques instants, Elyna pris mes mains ensanglantées sur ses cuisses et entrepris de me soigner. Je sentais le sang battre au rythme de mon cœur. J’avais mal aux mains mais pas assez pour compenser celui de ma poitrine.

L’ange prit mille précautions et passa une compresse enduite d’un désinfectant sur mes phalanges, passant sur chaque parcelle de ma peau abimée, entre mes doigts. Un bandage fût ajouté pour clore le tout. Après quelques minutes d’hésitation, j’ai senti ses bras m’entourer la taille et sa tête reposer au creux de mes omoplates, en signe de soutien peut être ? Nous sommes restés longtemps dans cette position, même lorsque les fourmillements me sont remontés le long des jambes. Pourtant elle finit par s’écarter et docile, je l’ai laissé me retourner comme elle le souhaitait initialement. J’étais trop las et trop épuisé pour lutter. J’avais perdu contre moi-même.

Elle me coucha dans mon lit, remontant ma couette sur mes épaules. Puis comme pour rassurer un enfant, elle passa sa main dans mes cheveux, sur mon visage et ceci sans jamais arrêter. Elle attendit simplement que ma crise se calme, que j’arrête de sangloter, que mon cœur retrouve un rythme normal. Alors seulement, elle osa se coucher à mes côtés après avoir éteint toutes les lumières de l’appartement. Je voulais protester, résister… mais aucun son, ni même le moindre geste de ma part ne fût fait. J’en étais incapable dans l’état où je me trouvais. Elle me serra entre ses bras, obligeant mon corps, mes épaules et ma tête à reposer sur elle. Elle dût sentir mes appréhensions car presqu’immédiatement, elle chantonna une petite berceuse toujours en passant ses doigts dans mes cheveux. Et ce fût sur ces notes de musique que je sombrais à nouveau dans le néant mais cette fois-ci aucun cauchemar ne vint me hanter.

Publié dans chapitre 5

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S
<br /> WWWWAAAOUUUUHHHH !! j'adore ! c'est tellement beau et doux à lire... RO LALA j'ai tres envie de savoir comment va réagir evan au reveil !!!<br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Quel enthousiasme!! je suis trés flattée que cela te plaise autant!<br /> <br /> <br /> Merci à toi, ça me fait chaud au coeur...<br /> <br /> <br /> Ah Evan... il est unique et sa réaction ben... c'est lui quoi avec un caractère de cochon parfois!!<br /> <br /> <br /> La suite demain.<br /> <br /> <br /> Merci de me lire<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> GENIALISIME =D a la semaine prochaine pour la suite ;) Gros bisous .<br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Merci Amandine, contente que tu sois si enthousiaste.<br /> <br /> <br /> A dimanche pour la suite et fin du chapitre <br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> Le pauvre cela doit être dur de vivre ainsi ! Mais heureusement Elyna est la ;D<br /> Je l'aime beaucoup cette fille !<br /> Bonne continuation c'est toujours aussi bien !<br /> Bise Luna<br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Merci Luna...<br /> <br /> <br /> Oui franchement je ne sais pas du tout comment moi je réagirais mais pour Evan une promesse est une promesse. Il ne revient jamais sur sa parole.<br /> <br /> <br /> Pour Elyna, je n'ai pas encore totalement révélé son personnage mais elle sera peut être la voie de guérison pour Evan?<br /> <br /> <br /> Tu verras bien par la suite.<br /> <br /> <br /> Contente que cette partie te plaise.<br /> <br /> <br /> A dimanche pour la suite et fin de ce chapitre.<br /> <br /> <br /> <br />